La Coupe Aéronautique Gordon Bennett 2013
           
.
Gonflage des ballons
         
 
2013 57ème Coupe Aéronautique Gordon Bennett - Aéropôle Grand Nancy Tomblaine (France) - 25 Août 2013
18 équipes - vainqueurs : Vincent Leys / Christophe Houver - France (1 402,43 km) - ballon 'FPP-GB Grain de Folie'
     
Samedi 24 août, le ciel est menaçant depuis ce matin, mais lors du briefing de 14h00, le Directeur des vols, Markus Haggeney, avait confirmé le timing : premier envol prévu aux alentours de 22h00, avec une préparation des ballons à gaz vers 18 h.

Mais avant de gonfler les ballons, il faut préparer les sacs de sable qui serviront de lest pendant le vol.

En fonction du poids total (ballon, nacelle, ..) les équipes peuvent partir entre 45 à 70 sacs de sable d’environ 12 kg. Les sacs de sable sont stockés en attendant le gonflement sur des palettes, et la plupart sont entourés d’un film plastique pour éviter l’humidité. En effet, si le sable embarqué est trop humide, à haute altitude il gèlerait.
 
Déballage, installation des sacs de sables, vérifications de la nacelle… Mais la météo est capricieuse, et vers 18h30 nous avons droit à un gros coup de vent et des trombes d’eau s’abattent sur la région. Une amélioration est attendue pour plus tard. Les ballons ne peuvent pas être gonflés et prendre leur envol.
     
C'est au briefing de 22h00, que Markus annonce que l'inflation, le gonflage, des ballons est possible.

Mais maintenant la nuit est tombée. A l’aide des phares de voitures et de leurs lampes frontales, chaque équipe se prépare.

Les enveloppes des ballons sont dépliées sur le sol. L’effervescence se fait sentir. L’alimentation en hydrogène est identique pour chaque équipe.

Depuis les semi-remorques partent des tuyaux qui courent sur le terrain pour apporter l’hydrogène.
Les camions sont utilisés comme source d’approvi-sionnement comme c'est le cas ici, quand il y a plusieurs ballons à gonfler et que le terrain n'est pas pourvu d'une source fixe d'hydrogène.
La source de gaz de 200 bars doit être détendue à la pression de gonflage. Les tuyaux d’alimentation ont une résistance de 400 bars.

Les tuyaux sont reliés entre eux avec des raccords type pompiers. Grâce à un détendeur, l’hydrogène arrive au ballon avec une pression de 16 bars. Le gaz circule du détendeur jusqu'à l'appendice du ballon dans un tuyau adapté, comme ceux utilisés par les pompiers pour le pompage d'hydrocarbures par exemple.

Ces tuyaux ont la particularité d'être antistatiques et blindés. La jonction ballon tuyau est réalisée par une nourrice.
 
Les deux types de ballons, avec un filet ou à ralingues, ont un procédé de gonflage très différent. Pour le ballon à filet, en minorité sur cette course, comme pour le team FR-1 avec le 'Grain de folie' du team français Leys-Houver, le gonflage de l’enveloppe nécessite une équipe importante et synchronisée. La nacelle n’est pas reliée au ballon pendant cette étape. L’enveloppe est posée sur le sol, puis dépliée. Elle ressemble ensuite à un gros disque avec le trou de la soupape sur le dessus et l'appendice à portée de main.
     
 
Quand nous arrivons près de ce ballon, la mise en place du filet a déjà été faite. Il est attaché au cercle supérieur de la soupape, et la nourrice est reliée au tuyau de remplissage. Tout autour les sacs de sable sont répartis de manière uniforme autour du filet, accrochés toutes les 4 mailles et prêts à servir de lest (voir les termes technique sur la page 'Un ballon, comment ça vole'
     
 
Un ballon de 1 050 m3 gonflé à l'hydrogène a un pouvoir ascensionnel d'environ 1 200 kg. Avec un filet de 96 mailles, un sac de 15 kg par mailles à la fin du gonflage peut suffire. Il faut aussi quelques sacs de sable supplémentaires pour attacher la corde de soupape lors du gonflage. Ci-dessus, à droite, le ballon 'Le Petit Prince' de FRA-2 (Péterlé / Moine).
     
Pendant toute l’étape du remplissage, les sacs sont redescendus maille par maille au fur et à mesure que l’enveloppe se gonfle. D’où la nécessité d’une équipe importante qui doit déplacer simultanément les sacs en vérifiant qu'il n'y ait pas de décalage de maille, et ce jusqu'à la dernière patte d'oie, comme on peut le voir sur la photo de gauche.

C’est à ce moment que l’enveloppe est remplie complètement. Ici, c’est le pilote Veys qui assure et vérifie le bon déroulement de toutes les étapes. Au fur et à mesure que l’enveloppe se gonfle, l’excitation du départ augmente.

La nacelle est ensuite amenée sous l'enveloppe, quand elle est gonflée. Celle du team FR-1 est en tube aluminium et Kevlar, ce qui la rend particulièrement légère. On la voit sur la photo centrale ci-dessous.

Le poids de l’ensemble (ballon, nacelle, équipements, nourriture) reste la préoccupation première de tous les équipages, Plus l’ensemble est léger plus il est possible d’embarquer du lest et d’augmenter la maniabilité du ballon.

Avant de relier nacelle et enveloppe, la nourrice est retirée. Puis le cercle de charge est accroché aux suspentes de nacelle. Il est lui-même relié aux suspentes du filet.

Les sacs de sable sont progressivement retirés des pattes d’oie, afin de vérifier que le pouvoir ascensionnel est suffisant. Les sacs restants sont ensuite accrochés à la nacelle. (photos ci-dessous)
     
 
C’est un gonflage assez long, entre 2 et 3 heures, qui demande beaucoup de ressource humaine, beaucoup de manipulation de sacs de lest, mais le résultat est magnifique. Quoi de plus beau qu’un ballon à filet …. Ressemblant aux ballons des premières courses. Il faut ensuite vérifier tout l'équipement dans le panier, dont les instruments de vol obligatoires : Altimètre et variomètre, Barographe (pour enregistrer le vol), Radio VHF 720 canaux, Éclairage et balisage de nuit, Projecteur (pour les atterrissages de nuits), GPS, Transpondeur Mode S, et Tracker.
       
     
Pour Benoit Péterlé (photo ci-dessus, ballon FRA-2) qui gonfle le même type de ballon :

« Ce sont les plus anciens modèles, les plus modernes étant à ralingues. C’est une bulle d’hydrogène qui est attaché dans les ralingues a mi-hauteur, alors que là vous avez un filet qui recouvre la totalité du ballon, la poche est libre à l’intérieur, et ensuite on vient attaché la nacelle sur le bas du filet.

En gros Jules Verne utilisait ce ballon lorsqu’il a fait ses vols, Marie Marvingt l’utilisait aussi pour son vol vers l’Angleterre. »
 
Le ballon à ralingues permet une mise en fonction plus rapide. La nacelle couchée sur le coté est déjà reliée à l’enveloppe. Celle-ci est étalée sur le sol sur sa longueur. Des membres de l’équipe s’assoient sur la partie supérieure de l’enveloppe afin de la maintenir au sol. Les tuyaux d’approvisionnement son mis en place et le gonflage peut commencer. Comme on peut le voir sur les photos ci-dessous, gonflage de GER-2, équipe Zenge et Eimers, l'enveloppe du 'Columbus V' se réveille gentiment et se déploie sur le sol.
     
 
Elle prend vie petit à petit. A un certain niveau de gonflage, le pilote coupe les gaz et donne le ok pour que les personnes assises sur l’enveloppe se lève tous en même temps, et la libère. L'enveloppe s’élève rapidement dans le ciel noir, déplaçant la nacelle qui se redresse, le tout avec un bruit impressionnant. Le redressement d’un ballon a ralingue est toujours spectaculaire.
 
 

L'enveloppe du RZL 'jules verne inspirito ' (les 2 photos centre et celle de droite) est gonflée de façon identique. C'est l'équipe autrichienne AUT-1 Stürzlinger / Herndl qui s'envolera à son bord. Sur la photo de droite en bas, on voit bien le tuyau qui amène l'hydrogène. Ici c'était pour gonfler l'enveloppe à ralingues du ballon AUT-1. Au centre, l'équipe autrichinne prépare sa nacelle. Toujours en bas, à droite, l'équipe espagnole ESP-1 (González / Aguirre) s'affaire aussi autour de son panier.

 
     

Le bruit des enveloppes, celui du gaz dans les tuyaux, le fond sonore des équipes et des ordres donnés, rajouté à cela la lumière de la nuit et l’ambiance … nous sommes transportés dans un monde féerique ! Nous ne voyons pas le temps passé, la météo est clémente, il ne fait pas trop froid. Il est 00h30 et une partie des dix-huit ballons est déjà dressée dans la nuit.

 
 
Nous faisons le tour de toutes les équipes, passant d’un ballon à l’autre. Il est déjà 2h30 du matin et le prochain briefing est prévu aux alentours de 04h00. Les équipes prévoient de quoi protéger le panier en cas d'intempéries.
     
 
De tous les cotés du terrain d'inflation il se passe quelque chose. Nous sommes comme de grands enfants, émerveillés, et nous voulons être partout en même temps pour ne rien louper. Sur les photos du haut, au premier plan le ballon 'Ajoie' de SUI-3 (Walter Mattenberger et Max Krebs). A gauche, juste derrière lui, un beau ballon blanc et bleu le 'Ferdinand Eimermacher ' de l'équipe allemande GER-3 (Höhl / Sellmaier). Et sur la droite, au premier plan, le seul ballon Finlandais 'OCO Pirat ' qui fait partie des rares ballons à filet sur le terrain.
 
     
Il faut le reconnaître, nous sommes novices mais les équipages sont très sympathiques, répondent à nos questions, nous expliquent les systèmes de gonflage, nous font "visiter" le metre cube de leur panier. Nous nous faisons cependant les plus discrets possilbe, afin de ne pas perturber leur préparation. En dehors des vêtements chauds, de la nourriture, certains emarquent aussi des passagers clandestins, comme un nounours ... attention au poids !
 
     
A gauche, dernières vérifications de la nacelle pour l'équipe italienne, ITA-1, Cisaro / Aimo. Au centre, l'unique équipe représentant la Russie : Nikolay Galkin et Mikhail Bakanov, avec le ballon 'Russian Records Factory', forme le team RUS-1
 
     
Il est bien tard ... ou plutot il commence à être de bonne heure dimanche matin. Certains pilotes sont partis se reposer, faisant toute confiance à leurs équipes au sol pour terminer les préparatifs du ballon. A l’atterrissage, le freinage au sol se fait à l’aide d’une très grosse corde nommée guiderope, qu'il faut enrouler soigneusement et fixer sur le panier.
 
     
   
Pratiquement tous les ballons sont déjà dressés dans la nuit. Il est déjà 3h00 du matin. Nous décidons nous aussi de dormir quelques heures avant le départ. Depuis nos camions nous pourrons surveiller l’avancement des derniers gonflage tout en gardant un œil sur le terrain. 17 ballons sont déjà dressés…Plus qu'un ! Il ne faudrait pas s’endormir et louper le départ ! Nous devrons être de nouveau sur le terrain à 5h30 prêt du podium pour suivre en live le décollage. En partant, nous donnons un dernier coup d'oeil sur le terrain .... C'est tout simplement Magique !!!
 
 
Sources Texte et Crédits Photos Classement des courses de 1906 à 2013
 
.
Gonflage des ballons